Ce lexique de poche de parler libanais est l’outil idéal de l’apprenant et du touriste. Avec 2400 entrées, il met à disposition les mots les plus utilisés, regroupés selon les thèmes de la vie courante. L’accent utilisé pour la transcription des mots est celui de ma ville d’origine, la belle Achrafieh. Ce travail apporte une nouveauté par rapport à ma méthode, fondée sur la phonétique : j’y introduis l’écriture arabe, afin que ceux qui en connaissent l’alphabet et qui veulent comparer la manière de prononcer les termes, puissent bénéficier d’une double indication. Yalla, mwaff2in !
Le parler libanais – un accent du dialecte arabe moderne au Moyen-Orient – dépend essentiellement de la langue arabe, mais garde certaines traces de la langue syriaque, notamment aux endroits de la prononciation et du vocabulaire. Cette méthode opte pour un vocabulaire largement fidèle à l’arabe et à la tradition locale. Ce manuel s’adresse à des Français(es) et à des francophones désirant étudier le dialecte libanais, dans le but de le parler et sans passer par l’apprentissage de la langue arabe, de son alphabet et d’une bonne partie de sa grammaire. La deuxième édition de ce livre fournira à celles et à ceux qui le travaillent des éléments de base pour leur apprentissage du parler libanais.
Depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011, la question des réfugiés syriens n’a eu de cesse d’intervenir dans l’actualité et dans le débat public. L’Europe en subit les conséquences à travers les flux migratoires qui ont été source d’inquiétude pour d’aucuns, opportunité économique pour certains et carburant idéologique pour d’autres. Angela Merkel, qui accepta d’accueillir en Allemagne des centaines de milliers de réfugiés, le paya cher politiquement. Incapable de satisfaire tous les besoins d’accueil des réfugiés sur son sol, l’Union européenne, qui établit des quotas d’accueil selon les États membres, opta pour une politique d’aide financière aux pays entourant la Syrie, afin de limiter le mouvement de migration vers ses terres. Le Liban, la Jordanie et la Turquie sont trois pays qui jouxtent la Syrie et accueillent le plus grand nombre de réfugiés en dehors de la Syrie. Ils reçoivent cette sorte d’aide qui s’ajoute à d’autres, notamment celle relevant des organisations internationales.
Au Liban, la question des réfugiés ressemble à une histoire tragique où se mêlent misère humaine, instrumentalisation politique et imaginaire identitaire. Cet article cherche à faire la lumière sur la question.
Le contexte
La guerre syrienne est la cause du mouvement migratoire. Plusieurs camps s’y sont opposées ou s’y opposent toujours, engageant des puissances locales, régionales et internationales, donnant parfois à ce conflit l’allure d’une guerre mondiale. Durant plus de huit ans, il est responsable de l’un des plus grands déplacements de populations depuis des décennies. La plupart des réfugiés en dehors de la Syrie se sont installés dans les pays limitrophes, dont le Liban, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés proportionnellement à sa population. Comprendre cette présence doit tenir compte de certains facteurs.
Être catholique et oriental, interrogation sur un lien qui peut paraître paradoxal. Interviewé par Sébastien de Courtois, le 25.08.2019, dans le cadre de son émission Chrétiens d’Orient (France culture).
Les catholiques orientaux en France : histoire et présence
La présence des communautés catholiques de rite oriental en France est assez récente, la plupart d’entre elles étant arrivées à la fin du XIXe siècle.
On peut en distinguer de deux genres : celles dépendant de l’Ordinariat, organe de l’Église de France et plus particulièrement de l’Archevêché de Paris, qui a juridiction sur les prêtres orientaux n’ayant pas d’évêque propre en France, et celles constituées en diocèses et qui ont donc un évêque en France.
I- Les communautés catholiques orientales dépendant de l’ordinariat
Toute Église orientale catholique présente sur le sol français et n’ayant pas de diocèse dépend de l’Ordinariat des catholiques orientaux de France.Institué en France par le pape Pie XII en 1954, cette juridiction qui relève de l’Archevêque de Paris appelé Ordinaire, a pour mission de gérer les communautés orientales n’ayant pas d’évêque propre. Le premier Ordinaire fut le cardinal Feltin, archevêque de Paris depuis 1949, qui érigea la plupart des paroisses de rite oriental en France et qui y nomma les premiers curés.
Famille chrétienne | 23/10/2018 | Numéro 2128 | Par Hugues Lefèvre
Comment la Jordanie fait-elle pour préserver chez elle la paix ? Éléments de réponse avec Antoine Fleyfel, spécialiste des chrétiens d’Orient (1).
Pourquoi la Jordanie a-t-elle été globalement préservée du terrorisme islamiste ?
La première raison est que la royauté combat les islamistes depuis les années 1980. Elle a tout fait pour les écarter du pouvoir, en particulier les Frères musulmans, dont l’idéologie n’est pas très éloignée de celle des salafistes djihadistes.
Ensuite, le royaume prône un islam modéré. Il met en avant son ouverture religieuse et encourage le dialogue interreligieux. Sur le plan diplomatique ensuite, la Jordanie entretient de solides alliances avec l’Occident, en particulier avec les États-Unis, présents militairement sur place. Cette ouverture diplomatique contribue à assurer au pays la stabilité. Enfin, la sécurité à l’intérieur du pays est très présente, notamment à Amman, où les lieux sensibles et touristiques sont très protégés.
Cette stabilité est-elle pérenne ?
Très probablement, surtout si l’alliance avec les États-Unis se poursuit. Personne n’a intérêt à ce que la Jordanie soit déstabilisée. Ni les Occidentaux, ni Israël, ni les pays du Golfe. Mais il faut être vigilant face à la montée de l’islamisme. La situation économique du pays est très dégradée. On parle d’un taux de chômage d’au moins 18 %, et de 20 % de Jordaniens qui vivent sous le seuil de pauvreté. Or, on sait que les mouvements islamistes trouvent leur principal carburant dans la dégradation de la situation sociale. D’ailleurs, derrière les manifestations des derniers mois, on trouve parmi les principaux acteurs les Frères musulmans.
Le poids des réfugiés fragilise-t-il le modèle jordanien ?
Le pays vit sous perfusion de l’aide occidentale et du FMI. L’arrivée massive de réfugiés a provoqué un afflux de main-d’œuvre très bon marché. La fermeture de la frontière avec la Syrie a gelé une partie du commerce. Aujourd’hui, la Jordanie est un pays pauvre, où la vie est chère. La démographie y est très singulière : certaines sources disent qu’il n’y a que 20 % de Jordaniens de souche. Les autres sont des réfugiés palestiniens (60 %), syriens (10 %) ou irakiens (7 %). La fin de la crise syrienne devrait toutefois soulager l’économie jordanienne.
Hugues Lefèvre
(1) Professeur de philosophie et de théologie à l’Université catholique de Lille, auteur notamment de Géopolitique des chrétiens d’Orient, L’Harmattan, 2013.
Paru dans L’Homme Nouveau, bimensuel catholique, mars 2018.
Allant à l’encontre d’une idée répandue selon laquelle l’implication d’une religion dans les conflits résulte de son instrumentalisation par la politique, Antoine Fleyfel nous donne ici à « comprendre comment les doctrines religieuses elles-mêmes, soumises à des exégèses très précises, servent de fondement surnaturel et eschatologique à des mouvements monstrueux ». On ne peut qu’approuver cette démarche qui contribue à éclairer l’intelligence de situations trop souvent difficiles à saisir par les esprits occidentaux façonnés par le rationalisme. L’origine libanaise de l’auteur, qui enseignement à l’université catholique de Lille, l’a sans doute préparé à cet exercice bien utile.
Évangélisme sioniste, sionisme religieux et salafisme djihadiste : ces trois idéologies religieuses se retrouvent au Proche-Orient en position offensive. Émanation du protestantisme anglo-saxon, le premier mouvement (40 millions de fidèles) considère l’avènement d’Israël comme relevant directement des prophéties bibliques et donc lié à l’histoire du salut ; pour ses adeptes, Jérusalem doit être reconnue capitale indivisible de l’État hébreu. Dérivé du sionisme laïque originel, le second a été récupéré par des juifs orthodoxes fondateurs du Goush Emounom (Bloc de la foi), fer de lance de la colonisation et opposé à tout compromis avec les Palestiniens. Enfin, le troisième s’enracine dans une conception radicale de l’islam dont Al-Qaïda et Daech sont les expressions les plus récentes. Il va de soi qu’aucune paix n’est envisageable à partir de tels programmes. Antoine Fleyfel prend soin toutefois de mettre en évidence les opposants chrétiens, juifs et musulmans à ces idéologies mortifères. Celles-ci épargnent le catholicisme, réalité qui doit être prise en compte dans toute évangélisation honnête des enjeux politico-religieux du monde actuel.
Malgré les difficultés majeures et les défis auxquels ils sont confrontés, les chrétiens d’Orient ont encore un avenir et ne vont pas disparaître. Telle est la conviction du théologien et philosophe franco-libanais Antoine Fleyfel. Dans les sociétés arabes, profondément perturbées par l’islamisme radical, les chrétiens ont un rôle essentiel à jouer pour le dialogue et pour la paix.
Auteur d’une Géopolitique des chrétiens d’Orient parue en 2013, Antoine Fleyfel a dressé à l’Université de Fribourg le tableau complexe de la situation des chrétiens dans les divers pays du Proche-Orient arabe. A la dénomination très large de chrétiens d’Orient, il préfère celle plus précise de chrétiens arabes présents dans six pays: Liban, Syrie, Irak, Jordanie, Israël-Palestine et Égypte. Au-delà de leurs diversités évidentes, ces chrétiens partagent trois traits communs: la culture et la langue arabe, la cohabitation avec l’islam et la cause palestinienne. “Nous sommes des chrétiens de culture musulmane”, ose le professeur de l’Institut catholique de Lille, invité par l’Œuvre d’Orient.
اختار البروفيسور في جامعة ليل الكاثوليكية أنطوان فليفل أن يكون الصوت القوي في الغرب عن الشرق، بحضاراته وفكره وتعدد دياناته وخصوصياته، منحازاً للغة العربية التي يدرسها للمغتربين من خلال مدرسة أسسها للغاية. ناقد آثر أن يكون أكاديمياً جامعياً بدلاً من سلوك الدرب الأكليريكي. منتقداً حيث يجدر الانتقاد، ومصوباً حيث تطغى الأسطورة على الفكر والوقائع. مؤمناً بأن كل مسيحي هو ابن بيئته أولاً، وبأن الآخر المختلف إنما يكمل ولا يلغي. مفكراً صدرت له سبعة مؤلفات وأكثر من مئة مقالة في الفلسفة واللاهوت وجيوسياسة الأديان. مديراً لمعهد اللاهوت التطبيقي في جامعة ليل الكاثوليكية، وأستاذاً زائراً في معهد بيرناردان «Collège des Bernardins» وفي جامعة القديس يوسف في بيروت، ومسؤولاً عن الملف الأكاديمي في جمعية أعمال الشرق (Œuvre d’Orient) التي تُعنى بمساعدة مسيحيي الشرق منذ تأسست في العام 1856.