« Déyim déyim », le Christ « en permanence, en permanence » , ainsi se saluent les chrétiens d’Orient le jour du baptême du Christ.
L’Épiphanie est une fête très importante pour l’Orient chrétien. Pour certaines Églises (copte et arménienne orthodoxes) fidèles aux anciennes traditions, elle se confond toujours avec la fête de Noël célébrée le 6 janvier. Cette logique théologique veut que la manifestation de la divinité du Christ lors de son baptême soit le début de sa mission, sa Naissance. Pour d’autres Églises, l’Épiphanie est presque aussi importante que la fête de la Nativité et a, comme celle-ci, un cycle liturgique propre.
Cependant, le poids de cette solennité ne se limite pas au culte, mais se manifeste à travers nombre de traditions populaires plus que millénaires. Même certains califes y participèrent en Égypte aux Xe et XIe siècles pour dire leur sollicitude vis-à-vis de leurs sujets baptisés. Beaucoup de Libanais chrétiens honorent toujours ces héritages et célèbrent le baptême de Jésus selon les coutumes des anciens, en préparant par exemple des plats et douceurs propres à cette occasion, dits « la bénédiction de la fête ».
Toutefois, l’une des plus importantes traditions populaires consiste à allumer des cierges aux fenêtres, aux balcons ou sur les toits, la nuit de l’Épiphanie. On croit effectivement que le Christ passe à minuit en disant « déyim déyim », qui se traduit par « en permanence, en permanence » (sa présence, sa bénédiction), et bénit les maisons qui ont allumé leurs lumières pour l’accueillir. Alors que les foyers qui n’ont pas veillé pour accueillir l’Époux se trouvent privées de sa bénédiction et demeurent dans l’obscurité. Par ailleurs, durant cette période festive, les gens se saluent avec joie en utilisant lesdites paroles du Christ, « déyim déyim ». Dans les villages, les traditions nous en informent davantage et nous racontent que lors du passage du Christ à minuit, les adultes mais surtout les petits qui l’attendent, voient tous les arbres se prosternent devant lui… à l’exception du mûrier. C’est pour cela que les villageois punissent son orgueil, et utilisent ses branches pour nourrir leurs cheminées lors de cette nuit.
Forte est la symbolique de ces traditions qui rappellent un message réel et actuel, celui de la présence urgente, « en permanence, en permanence », du message de paix christique, dont la région a présentement tellement besoin.
Antoine Fleyfel
L’Œuvre d’Orient
02.01.2013
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