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“La royauté jordanienne combat les islamistes”, Famille chrétienne, 23.10.2018

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Famille chrétienne | 23/10/2018 | Numéro 2128 | Par Hugues Lefèvre

Comment la Jordanie fait-elle pour préserver chez elle la paix ? Éléments de réponse avec Antoine Fleyfel, spécialiste des chrétiens d’Orient (1).

Pourquoi la Jordanie a-t-elle été globalement préservée du terrorisme islamiste ?

La première raison est que la royauté combat les islamistes depuis les années 1980. Elle a tout fait pour les écarter du pouvoir, en particulier les Frères musulmans, dont l’idéologie n’est pas très éloignée de celle des salafistes djihadistes.

Ensuite, le royaume prône un islam modéré. Il met en avant son ouverture religieuse et encourage le dialogue interreligieux. Sur le plan diplomatique ensuite, la Jordanie entretient de solides alliances avec l’Occident, en particulier avec les États-Unis, présents militairement sur place. Cette ouverture diplomatique contribue à assurer au pays la stabilité. Enfin, la sécurité à l’intérieur du pays est très présente, notamment à Amman, où les lieux sensibles et touristiques sont très protégés.

Cette stabilité est-elle pérenne ?

Très probablement, surtout si l’alliance avec les États-Unis se poursuit. Personne n’a intérêt à ce que la Jordanie soit déstabilisée. Ni les Occidentaux, ni Israël, ni les pays du Golfe. Mais il faut être vigilant face à la montée de l’islamisme. La situation économique du pays est très dégradée. On parle d’un taux de chômage d’au moins 18 %, et de 20 % de Jordaniens qui vivent sous le seuil de pauvreté. Or, on sait que les mouvements islamistes trouvent leur principal carburant dans la dégradation de la situation sociale. D’ailleurs, derrière les manifestations des derniers mois, on trouve parmi les principaux acteurs les Frères musulmans.

Le poids des réfugiés fragilise-t-il le modèle jordanien ?

Le pays vit sous perfusion de l’aide occidentale et du FMI. L’arrivée massive de réfugiés a provoqué un afflux de main-d’œuvre très bon marché. La fermeture de la frontière avec la Syrie a gelé une partie du commerce. Aujourd’hui, la Jordanie est un pays pauvre, où la vie est chère. La démographie y est très singulière : certaines sources disent qu’il n’y a que 20 % de Jordaniens de souche. Les autres sont des réfugiés palestiniens (60 %), syriens (10 %) ou irakiens (7 %). La fin de la crise syrienne devrait toutefois soulager l’économie jordanienne.

Hugues Lefèvre

(1) Professeur de philosophie et de théologie à l’Université catholique de Lille, auteur notamment de Géopolitique des chrétiens d’Orient, L’Harmattan, 2013.

 

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